A la découverte des huiles essentielles…
Je suis allé à la rencontre de Noëlle Irolla et d’Emilie Corteggiani les créatrices de la distillerie Astratella (« genévrier nain » en langue Corse) située à Lumio.
L’entreprise, de taille familiale, est implantée au cœur du maquis depuis près de 30 ans et ne produit que des huiles essentielles et eaux florales biologiques certifiés Ecocert dont certaines entrent dans la composition de certaines de mes recettes.
Retrouvez en fin d’article une recette facile à base d’huile essentielle
La distillerie propose une douzaine d’huiles essentielles, une douzaine d’eaux florales (ou hydrolats) ainsi qu’une vingtaine d’huiles de massage.
Les plantes utilisées sont endémiques et proviennent presque exclusivement de la basse Balagne. La « cueillette » ou « récolte » est faite sur plusieurs sites sauvages (dans le maquis), sur leur propriété mais aussi dans les forêts pour certaines plantes nécessitant de l’altitude (le Genévrier Nain et le Pin Laricio poussent à partir de 1200m).
Des plantes insulaires…
On retrouve principalement :
- le clémentinier
- la myrte
- le romarin
- l’inule odorante
- l’immortelle
- l’eucalyptus
- le lentisque
- le pin laricio
- le genévrier nain
Pour des informations plus détaillées sur chacune de ces plantes, je vous conseille d’aller faire un tour sur le site web de Astratella.
Dans l’alambic …
Dans la remise on trouve un alambic en cuivre, dont le tempo aromatique est rythmé par la nature et la saisonnalité des différentes plantes, ainsi que deux cuves de 1200 litres qui accueilleront jusqu’à 500 kg de végétaux à distiller !
Lors de ma visite une agréable odeur se dégageait de l’alambic, c’était de l’inule odorante…
Différence entre Huile Essentielle et Hydrolat ?
Noëlle et Emilie m’explique rapidement le processus de fabrication :
- 400 à 500 kg de plantes sont placées en cuve sur une grille
- de l’eau, en fond de cuve, monte en ébullition
- la vapeur « sèche » ainsi produite s’élève et se fraye un chemin à travers l’épais tapis de plantes (ou fleurs)
- au contact, la vapeur accroche les micros particules d’essence naturelle présente dans les végétaux
- la vapeur arrive dans le « serpentin réfrigérant » et fini par se transformer en eau chargée d’huile essentielle (vapeur + froid = eau)
- ce liquide fini sa course dans un bac de récupération
- l’huile étant plus légère que l’eau, elle remonte à la surface
- on sépare les deux liquides et le tour est joué : d’un côté l’hydrolat (eau florale résultant de la distillation) et de l’autre l’huile essentielle !
Utilisation des Huiles Essentielles en cuisine ?
On peut dire que c’était une visite très intéressante, surtout que certaines des ces huiles ou hydrolat peuvent être utilisées en cuisine !
Voici ma recette pour la « Compression de Tomates à l’Hydrolat Bio de romarin » :
Entrée pour 4 personnes :
Les ingrédients :
- 5 tomates « green zébra » (peut être remplacée par de la « verte »)
- 5 tomates « cœur de bœuf » (peut être remplacée par de la « roma »)
- 5 tomates-grappe « golden » (peut être remplacée par de la »tomate-ananas »)
- 5 tomates « cumato » (peut être remplacée par de la « noire de crimée »)
- 6gr d’agar agar
- huile d’olive
- hydrolat bio de romarin
- sucre, sel et poivre
La réalisation :
1/ Préparez les tomates
Monder les tomates séparément et les évider en réservant les pépins et leur eau dans une casserole
Mettre les pétales (chair de tomate mondée) dans un linge pour bien absorber leur humidité
2/ Faire une gelée
Mettre les pépins + eau de tomates sur le feu avec 20 cl d’hydrolat de romarin, porter à ébullition, écumer et passer au chinois tapissé d’un linge propre.
Prélever 50cl d’eau de tomate au romarin pour la remettre à bouillir avec de l’agar agar en mélangeant avec un fouet pour bien le dissoudre. Rectifier l’assaisonnement de la gelée ainsi obtenue.
3/ Monter le millefeuille
Dans un plat à bords hauts, disposer les pétales de tomate en millefeuille (sans mélanger les couleurs) en nappant de gelée encore chaude chaque étage. A la fin recouvrir de papier sulfurisé et mettre un poids pour aplatir le tout (cela permet d’éliminer l’excédent de gelée et qu les tomates soient bien pressées entre elles).
Laisser refroidir au réfrigérateur, démouler, couper et vérifier assaisonnement.
4/ Dresser et servir
Dresser dans une assiette avec un filet d’huile d’olive et agrémenter selon vos envies avec de la mozzarella, des câpres, des olives, des cornichons etc …
Bon appétit !
Julien D.
Très intéressant ! Et ça répond à une question que je me posais ! La nature nous offre ce qu’elle a de meilleur quand on la respecte et les corses ont bien préservé cette richesse qui ravit nos papilles, notre odorat mais aussi nous soigne…
Merci chef de partager cette recette ! A quand votre livre ?